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Hervé Rolland est le vice président de l’association Notre Dame de Chrétienté, qui organise chaque week-end de Pentecôte le pèlerinage de Chartres depuis les années 1980. Il répond aux questions de L’Incorrect à propos de l’édition un peu spéciale de cette année dans le cadre de la crise sanitaire.
Comment se déroulera ce pèlerinage forcément particulier ? Quels sont les activités virtuelles prévues pour accompagner les pèlerins pendant ces trois jours ?
Compte tenu des incertitudes qui pesaient sur les événements, nous avons délégué l’organisation du pèlerinage aux chefs de région et de chapitre. Nous leur avons dit : « On va vous donner une trame, de trois jours, qui se déroule à peu près comme d’habitude, et vous organisez les événements localement ». Il y a trois messes, des formations, le mot de lancement de l’aumônier. Nous avons aussi préenregistré les méditations. Les chefs de chapitre vont organiser autour de ce squelette leur programme réel.
Nous leur avons dit : « On va vous donner une trame, de trois jours, qui se déroule à peu près comme d’habitude, et vous organisez les événements localement »
J’ai lu il y a quelques minutes le programme du chapitre de Saint-Malo. Concrètement, ils vont marcher autour de Saint-Malo, vers la cathédrale. Ils auront une messe supplémentaire à la cathédrale à 10 heures le lundi de Pentecôte. Alors, ils s’organisent en petits groupes de 10, puisque nous sommes de grands républicains, comme chacun sait, ne riez pas, et que nous respectons scrupuleusement la règle concernant les regroupements de plus de 10 personnes.
Je ne pourrais pas vous donner le nombre exact d’initiatives locales, sans aucun doute des dizaines et des dizaines. L’an dernier on avait 280 chapitres. Cela correspond en gros à 14 000 marcheurs. Cette année, 150 chefs de chapitres ont déclaré qu’ils allaient faire quelque chose.
Lundi, la messe commune sera célébrée au Vatican, dans Saint-Pierre de Rome, par un prélat français.
Nous avions l’habitude des anges gardiens, qui sont des pèlerins non-marcheurs, qui accompagnent le pèlerinage par la prière. Certains nous suivent de l’autre bout du monde, à Tokyo par exemple, malgré le décalage horaire. Cette année, tout le monde sera un peu ange gardien. Beaucoup vont nous accompagner par des petites marches, et certains vont le faire les trois jours.
Sur un plan plus matériel, le report du pèlerinage sur les écrans met-il en danger l’association financièrement, dans la mesure où des frais ont pu être engagés en avance et où le nombre d’inscrits est beaucoup plus faible ?
Honnêtement, pas trop. Nos deux postes de dépenses principaux sont la SNCF et les cars. Les événements se sont arrêtés assez tôt pour que l’on stoppe tout sur ces deux points. De manière générale, l’association est plutôt en bonne santé financière. La seule dépense que nous avons engagée cette année est celle des livrets de pèlerinage, que beaucoup de gens ont tout de même commandé. Globalement, cette année sera donc une année blanche financièrement.
Les initiatives prises pour cette édition très spéciale pourraient-elles être reconduites l’an prochain, en marge du pèlerinage physique ?
C’est plutôt l’inverse. Il y a eu une telle frustration de ne pas pouvoir se rassembler réellement cette année que la dimension numérique du pèlerinage ne sera sûrement pas essentielle l’année prochaine. Beaucoup de gens qui auraient normalement fait une pause dans le pèlerinage viendront tout de même l’année prochaine. Cela pose même presque un problème, car, les années ordinaires, nous sommes déjà trop nombreux.
Beaucoup d’étrangers vont venir, les chiffres vont exploser. Mais, avec la grâce de Dieu, nous trouverons des solutions.
L’année dernière la colonne s’étirait sur sept kilomètres. Cela fait une heure trente, une heure quarante, entre les deux extrémités. Cela pose tout un tas de problèmes logistiques. On a déjà près de mille bénévoles. En fait, j’aimerais presque qu’il y ait plus d’initiatives à distance, dans la lignée des anges gardiens. Mais, très vraisemblablement, ce sera le contraire qui se produira l’année prochaine. Beaucoup d’étrangers vont venir, les chiffres vont exploser. Mais, avec la grâce de Dieu, nous trouverons des solutions.
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Cette année, le thème du pèlerinage est éminemment immatériel puisqu’il s’agit des saints anges. Pouvez-vous dire à nos lecteurs pourquoi il a été choisi, et quels seront les points clefs des enseignements ?
En réalité, il faut prendre la phrase dans son intégralité. Elle est la suivante : « Saints anges, protégez-nous dans les combats ! ». Nous définissons toujours la chrétienté comme une harmonie entre le naturel, la vie de tous les jours, et la vie spirituelle. Aujourd’hui très clairement, nous avons un certain nombre de combats à mener, comme le combat pour la vie ou contre l’euthanasie. Juste une remarque d’ailleurs. Pendant cette crise, on a réalisé qu’on ne pouvait pas laisser mourir les vieux. Je trouve ça extraordinaire.
Nous avons eu une période très incarnée avec les « points non négociables » de Benoît XVI. Là, nous avons une respiration, avec des thèmes qui semblent plus spirituels. Ils restent néanmoins engagés.
Cette épidémie, en arrêtant toutes les activités, bars, théâtres, sport, qui faisaient l’intérêt de nos petites vies d’occidentaux, nous pousse à nous interroger sur le sens de ces existences. Elle remet en leurs cœurs les combats les plus essentiels.
Les anges sont des combattants ou des guérisseurs, comme saint Michel et saint Raphaël, or notre société a besoin que l’on mène un certain nombre de combats pour la guérir des ses maux.
Les anges sont des combattants ou des guérisseurs, comme saint Michel et saint Raphaël, or notre société a besoin que l’on mène un certain nombre de combats pour la guérir des ses maux. Nous devons nous appuyer sur la présence invisible des anges pour les livrer.
Propos recueillis par Ange Appino et Louis Lecomte
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